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Le Théâtre National se met souvent en danger avec ses pièces et donne généralement des créations insolites, parfois difficile d’accès mais jamais banales. Cette fois-ci, c’est Parasites ! Le pitch ?

Les « parasites » sont là, devant nous. L’enfant à naître qui se nourrit du ventre de Friedrike. Son compagnon Petrik, totalement insensible aux appels au secours de sa femme suicidaire, trop fasciné qu’il est par l’étrange créature dont il s’occupe. Betsi, la soeur de Friedrike, qui noie dans l’alcool la charge pesante de son mari Ringo, devenu paraplégique. Le vieux Multscher, tellement seul que, pour se faire aimer, il ne trouve à se tourner que vers Ringo, l’homme dont il a provoqué le handicap. Ne sommes nous pas, comme eux, obligés de nous nourrir des autres pour nous sentir en vie ? Obligés de dévorer leur bonheur pour exister ?

Le texte de Marius von Mayenburg est féroce, incisif, parfois humoristique. Mais surtout il dépeint des parasites, des boulets, des personnes blasées par la vie et qui n’en attende plus rien. Le travail autour peut-être intéressant, à condition de choquer le chaland. C’est ce qui est fait.

Le spectacle est choc. On pénètre dans la salle Huysmans, la scène rempli de sacs poubelle, que l’on doit enjambé pour pouvoir aller s’asseoir. Car la particularité de cette salle est la proximité du public. Le premier rang touchant le début de la scène et a donc les pieds dans les poubelles. Les premiers rangs sont à la merci des élucubrations et cigarettes des acteurs.

Vincent Hennebiq est meurtris par ce texte depuis des années et arrive enfin à le présenter. Son approche choquante est intéresssante et exploite bien ce texte. Là où le bât blesse, c’est autour d’une direction d’acteur expérimentale (Hennebiq est comédien et signe sa première mise en scène), où l’interprétation prometteuse cotoie des artifices dramatiques laissant souvent de marbre (élucubrations chorégraphiques, humour qui tombe à plat, silence éternisant, etc.).

Parasites est à l’image du théâtre national, original, expérimental. Pour cela, Hennebiq remplit sa mission, il a un décor trash, des acteurs à gueule et un texte féroce. Malheureusement, les effets choisis sont parfois exagérés et on se retrouve parfois consterné devant cette pièce et partagé par l’envie d’aimer quelque chose sortant de l’ordinaire.

Loïc Smars

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