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Après une petite journée de boulot difficile, à cause de la fatigue de la veille, je rempile pour une journée pas moins longue en ce jeudi 12 avril, 7ème jour dans l’antre de la folie cinéphage. Mais les nouvelles ne sont pas si mauvaises : la STIB roule de nouveau et il y a du bon ce soir-là. Mais avant de côtoyer les films (très) attendus, j’expérimente le film estonien …

Le film de Sulev Keedus était le candidat estonien aux oscars. On est donc en droit d’espérer un film qui se situe dans le haut du panier du cinéma estonien. Après avoir relu plusieurs fois le résumé au début de la projection pour être sûr de bien comprendre le film, on se rend compte que ça part dans beaucoup de directions et ça s’éloigne souvent du pitch original qui met en scène un ancien soldat d’Afghanistan rentré au pays bien des années plus tard pour l’enterrement de son père. Car, Letters to Angel, c’est un grand fourre-tout de délires hallucinogènes et de personnages originaux et étranges. Très vite, on se détache du film sans pouvoir faire marche arrière. A force de partir dans tous les sens, le film devient un n’importe quoi loin d’atteindre le talent d’un Kaurismaki auquel il est identifié. Paradoxalement à l’ennui, l’interprétation de Roman Baskin captive par sa force tranquille et son jeu tout en retenue.

Beaucoup ont quitté la salle avant la fin, vos serviteurs compris. Force est d’admettre que malgré une volonté de bien faire, un acteur impeccable, le film se veut original mais se perd dans les méandres du bizarre comme un triste coup dans l’eau.

Cigarette(s), bière(s) et sandwich(s) au compteur, nous voilà requinqués pour la grosse affiche du BIFFF : le dernier Friedkin. Le réalisateur de « L’Exorciste » ou « The French Connection », revient en force avec Killer Joe et est prêt à être sacré Chevalier de l’Ordre du Corbeau après Terry Gilliam et Barbara Steele. La file d’attente, comme on s’en doute est longue, très longue. Heureusement, les talentueux artistes du Magic Land Theatre vont divertir le public à 20 et à 22h. Loin de leur scène, le Magic Land, reste un sommet de l’originalité.

Mais revenons à William Friedkin, très à l’aise devant le public qui le porte, faisant le show, chantant la traditionnelle chanson et profitant des nombreux applaudissements. Les lumières s’éteignent, le film commence. Killer Joe se paye le luxe d’un casting haute définition ! Matthew McConaughey en tueur fou, Emile Hircsh en jeune délinquant bien dans la merde, Thomas Hayden Church en père placide tout en force tranquille, Gina Gershon en belle-mère un peu salope et la magnifique Juno Temple en ange innocent au milieu de ce foutoir redneck.

Chris (Emile Hirsch) n’a plus d’argent. Pour se refaire,  il va voir son paternel et lui propose de tuer sa mère/ex-femme pour toucher son assurance-vie. L’affaire vite emballée, il ne reste plus qu’à convaincre Killer Joe de bosser en étant payé après encaissement de l’argent. La sœur de Chris servira de caution à notre cher copain Joe …

Le film partage. Adapté d’une pièce de théâtre, la réalisation a parfois du mal à sortir des endroits limités par la scène. Malgré tout, la première partie fait la part belle au film noir et les acteurs sont plus qu’au niveau. La tension monte, le point de rupture est proche. C’est justement à ce moment que le film perd de sa saveur. En voulant choquer ou se rendre controversé, Friedkin perd un peu la tension et le noir de son sujet pour s’enliser dans un terrible final trash peut-être pas si utile que ça. Mais ne boudons pas trop notre plaisir, Friedkin est de retour en forme et c’est le plus important !

En troisième partie de soirée, un autre film attendu par les fanatiques de zombies : Juan of the dead ! Une comédie de zombies espagnol-cubaine, déjà c’est original. Mais ça raconte quoi ? C’est l’histoire de Juan, légèrement loser sur les bords, mais surtout homme blasé qui se contente de traînasser avec son meilleur pote et de baiser les voisines en manque. Au moment où il essaye de renouer avec sa fille qu’il a perdu de vue, l’île castriste est envahie de zombies. Pas homme à se laisser abattre et se considérant plutôt comme un survivant, Juan et ses potes vont créer la « Juan of the dead », qui propose de liquider des zombies en contre-partie de quelques pesos. La situation étant un peu alarmante et l’offre ne suivant pas la demande, Juan se voit contraint de commencer à planifier le départ de tout le monde pour une terre, espérons le, moins infestée.

Alejandro Brugues, avec un budget moyen, se permet un film de zombies drôle et fendard, saupoudré de critique du régime cubain (les zombies serait une attaque capitaliste de l’ennemi américain). Les personnages typés et choisis avec soin, les effets spéciaux rudement efficaces par rapport à un budget très moyen pour ce genre de film, un humour qui fait mouche (je l’admets, à condition, de ne pas trop sortir le cerveau du vestiaire) et une scène mémorable qui enseigne une méthode novatrice pour tuer plusieurs dizaines de zombies en une fois, font de Juan of the dead, une comédie zombiesque décomplexée et sympathique malgré quelques égarements de la réalisation et quelques passages fades. En tout cas, on est loin du nanar cubain de l’année passée : Ferozz.

Fatigué, comme tous les jours, j’abdique pour la séance de minuit. Commençant au minimum à 1h du mat’ à cause d’un retard des projections, ce n’était pas encourageant. Mais savoir que l’adaptation de « Sac d’os » de Stephen King est en fait un téléfilm en deux parties et d’une durée de trois heures, je passe. Mais peut-être que Michael Heiremans, dans sa grande mansuétude, vous en parlera tout de même …

Loïc Smars

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