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Bienvenue à la quatrième journée du Festival des Libertés 2011. En ce dimanche 20 novembre, le thème du Printemps arabe fut très présent au Théâtre National : les programmateurs ont décidé de projeter deux films aux consonances arabes. Le premier, “No more fear”, parcourt certains évènements de la révolution tunisienne et a été illustré par un débat autour de la jeunesse révolutionnaire tunisienne qui s’est déroulé à la fin de la projection. Le second documentaire illustre un évènement qui a eu lieu en 2005, bien avant le Printemps arabe, mais qui, selon certaines personnes concernées, pourrait avoir influencé la révolution presque générale que nous avons observée il y a quelques mois. “Le printemps de Beyrouth” immortalise le soulèvement populaire et pacifique qui a eu lieu en 2005 contre le régime pro-syrien de l’époque. D’autres thématiques ont également été explorées : celle du réchauffement climatique à travers le documentaire “There once was an Island” qui nous invite à prendre conscience des conséquences de la montée des eaux sur une petite île située en Océanie. Enfin, la pièce de théâtre “Scheisseimer” nous plonge dans les souvenirs les plus profonds de la seconde guerre mondiale.

Pour ne pas être original, commençons par la fin de la journée et la pièce “Scheisseimer”. Lorsque la deuxième grande guerre éclata,  Koenraad Tinel (auteur et comédien de l’oeuvre) avait 6 ans. Il évoque ses souvenirs à travers 240 scènes peintes sur papier. Une enfance touchée à jamais par la sympathie de ses parents pour l’Allemagne nazie. Pour un enfant de 6 ans, juger une situation telle que cette deuxième guerre mondiale et les atrocités qui y ont été perpétrées n’est pas chose simple. Koenraad Tinel n’a pas échappé à la règle. Mais son récit extrêmement touchant ne retrace pas uniquement les observations naïves d’un enfant, il nous plonge littéralement dans les ambiances tantôt sinistres, tantôt paisibles, qu’il a rencontrées à l’époque. Koenraad Tinel invite le public à partager la route qui a été sienne entre 1940 et 1946 : en une heure et quinze minutes, le public a été transporté de Gand à la Bavière, des forêts tchèques  à Berlin,…

Plus tôt dans la journée, les “festivaliers” ont eu la chance de découvrir deux oeuvres documentaires qui les ont plongés en plein coeur des révolutions arabes. Dans “Le printemps de Beyrouth”, la réalisatrice Soula Saad dépeint les manifestations qui ont eu lieu à Beyrouth, au Liban, en 2005 suite à l’assassinat de l’ex-Premier Ministre Hariri et contre le régime pro-syrien en place. Selon certaines personnes, le Printemps arabe a vécu ses prémices lors de ce soulèvement. La révolution en Tunisie, que l’on retrouve dans le documentaire “No more fear” de Mourad Ben Cheik, n’aurait donc pas été l’élément déclencheur des révolutions arabes de 2011 ? Ces deux films racontent le combat de deux peuples apeurés à l’idée de se rassembler, de se réunir contre un régime qui abusait d’eux. Deux peuples qui se sont finalement serrés les coudes pour en découdre contre deux dictatures et retrouver la liberté qu’ils attendaient depuis des lustres.

Quittons le Moyen-Orient et dirigeons nous vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Océanie, et plus précisément vers la petite île de Taku’u où vivent quelques centaines d’hommes et de femmes. C’est à cet endroit que Briar March est parti tourner son documentaire “There once was an Island” : un récit drôle et émouvant racontant les aventures d’un peuple déconnecté du monde moderne dans lequel nous vivons. Ces hommes font face à la montée des eaux causée par le réchauffement climatique et qui menace dangereusement leur île. Tout ce qu’ils possèdent se trouve sur cette île, c’est là qu’ils épousent leurs traditions et leur culture unique au monde. Ils n’ont besoin de rien d’autre, ne sont pas soumis à l’argent et connaissaient jusqu’à maintenant très peu de dangers. Aujourd’hui, un grand dilemme s’offre à eux : rester sur leur île et ainsi faire honneur à leur culture, leur identité. Ou partir pour préserver la vie. L’évacuation de l’île semble inévitable mais le gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a d’autres priorités car aujourd’hui, l’Île de Taku’u abrite toujours ses habitants.

Au Liban et en Tunisie, la foule s’est soulevée pour sauver son identité et sa liberté. Elle avait son destin en mains. Pour les habitants de Taku’u, c’est une autre histoire : pourquoi se battre contre le climat et la montée des eaux ou contre un gouvernement sourd et invisible ? Pourquoi tant de libertés sont-elles maltraitées sur notre planète ? Bienvenue au Festival des Libertés 2011.

Philippe Vincke

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