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Marie Kremer (à gauche) / ©Brussels Film Festival

Marie Kremer est née en Belgique et c’est donc tout naturellement que nous souhaitions la rencontrer pour parler avec elle de ses deux films à l’affiche : « Ni à vendre, Ni à louer » et « Au cul du loup ».

Au-delà de l’actrice, c’est une personne très sympathique et d’une humilité remarquable qui a répondu à nos questions. Une rencontre amicale et séduisante.


Marie Kremer, quelle est ton utilisation de l’internet étant donné que nous sommes un webzine ?

Je l’utilise beaucoup plus depuis quelques années. Avant, je n’étais pas du tout branchée là-dessus, ça ne m’intéressait pas alors que mes soeurs étaient bien plus axées sur cela.

Je l’utilise car, de nos jours, tout passe par mail : mes rendez-vous, mon travail, etc… . Cela dit, je n’ai aucun site à mon nom et je ne contrôle pas ce qui se dit sur moi.

Tu es née à Bruxelles, quel lien as-tu gardé avec cette ville ?

J’y ai toujours habité et j’y habite encore, mais je voyage entre Paris et Bruxelles. Je travaille, évidemment, beaucoup plus à Paris donc j’y suis la plupart du temps. Je fais un mix, j’en ai besoin. Je ne veux pas vivre qu’en France ou qu’en Belgique.

Paris est-elle une ville trop stressante ?

Oui, ça bouge tout le temps. C’est justement pour cette raison que je reviens quand je le peux. Je vois tout de suite la différence lorsque j’arrive ici.

Vous savez, ici, c’est tout ce que je suis. J’y ai ma base, ma famille, mes amis, tout le monde. Mais Paris, j’en ai aussi besoin. Pour mon travail mais aussi parce qu’on y rencontre de belles personnes, beaucoup d’artistes. C’est un centre culturel.

De par ton expérience de comédienne, est-il difficile de percer en France quand on est belge ?

Non, je pense qu’il est difficile de percer tout court. Mais je ne veux pas parler du mot «percer», cela ne veut rien dire pour un comédien ou, du moins, pour moi. Je bâtis mon trajet de comédienne sur la longueur en faisant des rencontres, comme celle que j’ai eu avec Pascal Rabaté. C’est une rencontre qui compte pour moi car j’admirais déjà ses bandes dessinées, ses dessins, son univers. Ça me plait de travailler avec des gens comme ça, c’est cela qui compte pour moi. Peu importe la longueur d’un rôle, percer, être quelqu’un, ce qui compte c’est travailler et encore travailler tout en rencontrant des gens. C’est ma manière d’apprendre à vivre.

Par exemple, dans le film de Pierre (Duculot), je fais deux scènes. Pourquoi? Car c’est avant tout un ami, je le suis, il me fait rire, il est intéressant,… . Je n’ai pas de principe et je ne calcule pas.

Regardes-tu souvent les films dans lesquels tu joues?

Non, quasiment jamais. Ou alors une seule fois. (rires)

Tu présentes deux films au Brussels Film Festival, «Ni à vendre, Ni à louer» et «Au cul du loup». Tu tournes donc beaucoup, n’est-ce pas fatiguant ?

Non, ce n’est pas fatiguant car j’adore ça. C’est particulier parce que je sais que ça peut me jouer des tours mais j’aime ça.

J’ai vu la semaine dernière à Paris, un téléfilm où je joue qui s’appelle «Bruxelles-USA». J’en suis super fière. On l’a fait en 18 jours pour Canal+. Il est beau, poétique, rigolo et il fait du bien à regarder.

Aujourd’hui, j’ai tourné pour Arte et Gérard Mordillat qui est un intellectuel français, qui est écrivain, qui est politiquement engagé et qui est, dès lors, une très grande rencontre pour moi. Le travail qu’on a fait depuis une dizaine de jours est magnifique.

Je valse entre des univers qui n’ont rien à voir les uns envers les autres. Je fais mon chemin, je prends et j’apprends.

Concernant «Ni à vendre, Ni à louer», c’est un film sans dialogue. Cela n’a pas été difficile pour toi?

J’ai fait un autre film où il y a deux mots. C’est un film avec Michel Piccoli qui s’appelle «Les toits de Paris» qu’on a tourné il y a trois ans. Il y avait deux mots mais j’ai adoré ça. Je trouve que la base de l’acteur passe par cela. Cela dit, c’est quelque chose qui m’appartient parce que j’ai fait beaucoup de «masques». J’ai fait énormément de Comedia Dell’Arte en Italie et ailleurs. C’est là que j’ai appris le silence car c’est la base de cet art qui raconte pourtant beaucoup de choses. On n’a pas toujours besoin de mots. Dans les films francophones, il y a trop de mots, c’est quelques fois saoulant. Quand je le peux, j’enlève des textes dans mes dialogues. C’est Michel Piccoli qui m’a appris ça, il me disait : «là, tu n’as pas besoin de parler, tu dois juste hausser les épaules». Le film de Pascal Rabaté n’a pas besoin de mots lui non plus. Evidemment, ce n’est peut-être pas l’avis de tout le monde.

Tu tournes également quelques séries, notamment «Un village français». Y a-t-il une différence entre le tournage d’une série et d’un film ?

Bien sûr. C’est une énorme différence. En reparlant du «Village français», c’est une grande découverte. Au départ, je n’aurais jamais accepté une série policière, même si j’ai beaucoup de respect pour les comédiens qui y jouent. M’engager pour trois ou quatre ans dans une série policière, je n’en avais pas l’envie. Le «Village français», je m’y suis engagée car c’est très bien écrit, c’est intelligent et assez brillant. C’est une expérience géniale pour un acteur de suivre un personnage sur des années. La femme que j’incarne ici, ce n’est pas du tout moi. C’est un personnage introverti et énervant mais j’adore la défendre dans cette époque là. Je suis plus proche de celle de «Bruxelles-USA».

Le tournage ne me prend qu’une dizaine de jours tous les six mois. Les gens pensent que je tourne énormément pour cette série mais pas du tout. Ce qui me laisse beaucoup de liberté pour tourner ce que je veux à côté. Par contre, et pour revenir à la différence avec un long métrage, on va beaucoup plus vite. On fait huit minutes utiles par jour, ce qui est énorme. Ce sont donc des journées bien pleines pour un acteur et cela engendre beaucoup de travail et d’apprentissage.

Tu sais qu’il y a pleins de belges sur le plateau ? Ça devrait s’appeler «Un village belge».

Oui et justement, on a fait la même réflexion à Pascal Rabaté pour son casting qui ressemble fort à celui de «Dikkenek»… On t’as aussi vu dans ce film, est-ce que tu penses que ça a lancé ta carrière ?

Oh dis non ! T’as vu la tête que j’ai là-dedans ? (Rires) Franchement, merci beaucoup, c’est sympa !

Non, je crois pas. En fait, je ne me rends pas compte de l’impact de ce film mais je ne crois pas qu’il y ait des fans de mon personnage. Mais c’est vrai que c’est un film dont on parle, qui est connu en France et surtout en Belgique. Je me fais parfois accoster pour m’entendre dire : «Hé, t’es la fille qui a joué dans Dikkenek ?» alors je dis : «Pas du tout». (Rires)

Ce film m’a beaucoup étonné. Par exemple, tous les amis de mes soeurs, quand ils me voient chez moi, ils disent «Ah c’est la nana de Dikkenek, trop fort».

Mais je suis heureuse d’avoir fait ce film même si j’y ai un petit rôle. J’y incarne une gonzesse qui est conne et moche, et ça, ça m’amuse à mort. Je ne fais pas du cinéma pour ne faire que des intellectuelles (même si j’adore les défendre) ou être dans un rapport à l’image. J’ai fait un film où je suis pudique, sans maquillage puis je passe à un personnage où je joue une fille fort maquillée, une prostituée. C’est ça que j’aimais dans mon rôle dans  «Dikkenek», je n’étais pas dans un rapport à l’image.

Tu sais, c’est plaisant de faire une vraie andouille. (rires)

Tu as cotoyé Marion Cotillard et Mélanie Laurent dans «Dikkenek», on connait leurs réussites outre-Atlantique. Seras-tu la prochaine ?

Je ne sais pas. Je ne pense pas.

Y aura-t-il un «Dikkenek 2» ?

Je ne sais pas, on ne m’en a jamais parlé.

Quels sont tes futurs projets ? Vas-tu te mettre à écrire ou à réaliser ?

Je pense que l’acteur doit trouver une certaine indépendance. Le plus difficile n’est pas de jouer mais ce sont les moments que l’on doit traverser car on ne tourne pas pendant deux mois et on commence à se poser plein de questions. Le tout est de savoir ce qu’on va faire de ce temps-là alors pourquoi pas écrire. Mais si j’écris, ce sera pour des gens que j’aime, des acteurs que je trouve magnifiques. Certains m’inspirent beaucoup.

Cela dit, je n’ai pas la prétention d’écrire car je n’ai pas encore vraiment osé, il va falloir que je me bouge.

Une chose est certaine, j’ai envie de raconter des histoires que ce soit par le dessin ou l’écriture.

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