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La Semo , le festival écolo de la diversité

© Smars Loïc

Un festival accessible pour tous, vraiment !

Après en moyenne deux trains et une navette parfaitement ajustée aux horaires de ces derniers, le (futur) public venu des quatre coins de Belgique et même de France, arrive enfin aux abords de l’île d’Honeux, au cœur d’Hotton, commune champêtre des Ardennes belges. Pour accueillir les festivaliers sur la durée, deux campings ont été mis à disposition à quelques centaines de mètres du site : l’un calme nommé Petits Pieds pour accueillir les familles et ceux qui voudraient se reposer pour mieux profiter des riches journées proposées et, un pour les plus excités, plus éloigné mais desservi par une navette-calèche toute la journée, l’isolement de ce dernier permettant de poursuivre jusqu’au bout de la nuit les festivités. Une fois la tente plantée et avoir montré un sac vidé de toute boisson alcoolisée, le festivalier paré de son bracelet tissé peut alors se lancer à l’assaut de La Semo.

© Smars Loïc

L’accessibilité pour tous passe également par celle des personnes handicapées qui semble à la hauteur de ce que le site avait annoncé. Pensé dans la réalité du handicap, le festival, en partenariat avec l’ ASBL Amalgic, rend le site accessible aux personnes à mobilité réduite par le prêt de vélos et de fauteuils, par l’installation de toilettes adaptées, de rampes et de podiums face aux scènes…Pour les malentendants, une traductrice a été engagée pour traduire en langage des signes les plus gros concerts en français tels que Eté 67, Balimurphy… Pour les personnes à faibles revenus, la Semo offre aussi des places à 1,25€ par jour sur présentation du coupon Article 27, garantissant la culture aux plus démunis.

© Smars Loïc

Les familles, et surtout les enfants, sont largement pris en compte dans l’organisation du festival, qui ne fait pas semblant d’être accessible de tous. Dès le vendredi, de nombreuses familles sont présentes aussi bien au camping que sur le site, ce qui se justifie parfaitement, car dans les deux endroits, les organisateurs se sont beaucoup investis pour leur faciliter le séjour et les divertir : grands jeux en bois montés par les scouts, ateliers spéléo, une zone « familles » pour apporter les soins aux enfants en bas âge, accès gratuit au moins de 13 ans, de nombreuses activités comme des contes, des initiations aux arts du cirque, un stand de maquillage, une garderie, et même l’ offre de boules Quies pour les oreilles des plus sensibles…

@ Kopo

Tous peuvent alors découvrir la croissante amélioration du site en matière de restauration et d’activités, qui compte plus d’une dizaine de stands de nourriture, de la traditionnelle friterie au stand végé », en passant par le palais du couscous, la tente au projet humanitaire proposant thé et autres spécialités indiennes … il y en a pour tous les gouts, tous les porte-monnaie et toutes les envies et fringales de la journée. Mais, pour avoir accès à tous ces mets, il faudra d’abord échanger sa monnaie en jetons recyclés, et user d’’un peu de patience, car malgré l’ouverture de trois « bureaux de change », les 10 cent qui distinguent les jetons boissons de ceux de nourritures semblent allonger le temps de réflexion et surtout le temps d’échange de petite monnaie. Dès lors un seul conseil : sacrifier quelques minutes d’un concert pour se rendre au stand alors presque désert.

© Brasserie Fantôme

Une fois l’étape réussie, le public aura le plaisir de retrouver au fût de la bière bio comme la Silly mais surtout, comme très appréciée durant l’édition 2009, la bière Fantôme, brassée à quelques dizaines de mètres du site. Manger écolo c’est avant tout manger des produits locaux !

© Fanfare de Hotton

L’accessibilité à tous semble porter ses fruits, car hormis une petite majorité de jeunes plutôt roots, le public est assez éclectique, tous âges et toutes classes confondus. Tous se côtoyent et se mélangent dans une ambiance bonne enfant et presque communautaire. L’attroupement croissant autour de la fanfare communale d’Hotton semble en être le bon exemple. Présente pour représenter la ville au festival et ne pas laisser en marge les habitants qui l’accueillent, la fanfare traditionnelle semble pourtant réunir progressivement la foule qui se laisse prendre au jeu se dandinant bientôt sur les reprises de Dany Brillant et Gilbert Montagné du groupe tout costumé.

Les dix ans d’Aldebert

© Smars Loïc

La première tête d’affiche à ouvrir le festival est le chanteur français Aldebert, venu ici avec toute son équipe pour la dernière de sa tournée anniversaire. Mise en scène par le directeur de cirque le plus populaire du moment pour sa musicalité, son originalité et surtout sa poésie : le Cirque Plume, le spectacle de l’artiste se regarde comme on se délecte du spectacle que peuvent offrir les enfants dans leur cour de récréation.

Beaucoup d’humour, de sketches, d’acrobaties, de clowneries, plusieurs déguisements, on assiste à un spectacle où l’artiste principal n’hésite pas à participer aux frasques de ses comparses, voire à leur laisser sa place. Chaque acrobate sera présenté à la suite de son solo.

© Smars Loïc

Le public est très réactif à l’énergie qui se dégage du chanteur et des acolytes. La féérie du spectacle gagne aussi les faveurs des festivaliers. De plus, beaucoup de monde connaissait par coeur la plupart de ses chansons.

Aldebert terminera même par un medley de ces plus gros tubes, autour de la chanson d’Alain Souchon « J’ai 10 ans », car oui, Aldebert est depuis dix ans présent dans les esprits. Même si sa tournée anniversaire se termine avec La Semo, il sera annoncé la sortie d’un futur album et chanté un des morceaux à venir, en exclusivité avec la complicité du public :

Chanter cette chanson en accord avec le public, c’est comme si l’interprète-parolier voulait confirmer que l’avenir de sa carrière ne peut se faire sans son public …

Des artistes aussi choyés que son public

Alors que le public retourne vaquer aux mille et une activité du site, Aldebert comme les autres artistes et le staff peuvent s’activer, se restaurer et se reposer sous le chapiteau VIP monté à cet effet. Un vaste espace aménagé d’un grand buffet froid, -dont on peut saluer la grande qualité du chef cuisiner- un petit coin salon avec canapé et bouquins, un bar tenu par de jeunes bénévoles des plus dévoués. L’équipe des bénévoles est clairement aux petits soins, c’est donc dans cette ambiance chaleureuse et décontractée que tous se côtoient.

© Jammin Troopers

Ainsi, rencontrons-nous le groupe des Jammin Troopers, qui a baptisé la grande scène grâce à un concours remporté en mars dernier. De Bruxelles et ses environs, le jeune groupe réunis par l’amitié et la passion musicale revendique la richesse de la différence culturelle. En effet, issus d’horizons et de formations différents, ces neuf musiciens, qui chantent en français, en anglais, en néerlandais… refusent de donner des limites à leur musique : ska, reggae, soul, funk. Tous les genres sont bons à utiliser. Ce mélange de cultures et d’influences est incontestablement leur règle et leur motivation première, comme le revendique cette phrase d’un de leur titre bilingue, « Pourquoi se quereller sans raison alors que nous pourrions nous retrouver à l’unisson et faire de notre union une force ». Le groupe se retrouve sur Myspace et surtout sur une démo au prix maigre de 5€ sur leur site, dont 10% de la vente est reversé à l’ASBL Plan Belgique pour le développement des droits de l’enfance.

Sanseverino: le sang chaud d’ un incompris ?

© Smars Loïc

Après l’occupation récréative d’Aldebert sur la grande scène, c’est au tour de Sanseverino d’enflammer le public de La Semo. Annoncé avec cinq autres musiciens, c’est avec étonnement que le public reçoit Sanseverino et son violoncelliste en duo. L’artiste apparaît alors un peu comme un homme orchestre, en milieu de scène derrière sa batterie et ses mille et une guitares. Mais l’effervescence à du mal à prendre, l’artiste semble désaccordé d’avec son public, sûrement trop familial. La performance de Sanseverino est ici plus proche d’un concert de punk rock avec toute la musique et la provocation qu’il comprend que des concerts bon enfant donné auparavant auquels le public semble s’être habitué. Autodidacte et enfant terrible du jazz manouche, Sanseverino n’est pas de ceux que l’on peut formater. Politiquement engagé, l’homme semble se battre contre le système et le revendiquer. Devant un public un peu désœuvré, l’homme continue la provocation espérant sûrement le réveiller ou le récupérer, en vain. Cela n’empêche pas un groupe d’irréductibles de chanter et se défouler au cœur de la foule sur la musique hargneuse du chanteur. Au final, un public mitigé qui ne s’attendait peut-être pas à se faire gentiment insulter…

A l’unisson, la Semo a le Hoquet

© Denos Justine

A 23h30, la scène Coup de Cœur se voit envahie par trois homme discrets et leur instruments bricolés de bric et de broc : planches en bois, tubes aspirateurs, boîtes de conserves etc. … Avec sobriété, le trio franco-belge américain s’élance dans une musique bricolée loin des sons souvent rébarbatifs des percussions en matériel récupéré… Sur des musiques et des textes plus délirants les uns que les autres tels que la Coupe de Dinant, Benny B ou l’Abbaye d’Orval…le public est emmené au pays du pur son. Indescriptible, tour à tour, on groove, on hip hop on funk, on pop, on rock… On hoquet’s tout simplement.

Daan, pour finir la soirée

© Smars Loïc

La nuit se finira avec Daan, qu’on ne présente plus qui assurera le show jusque 01h30 du matin ! Très en forme, le public conquis d’avance, le spectacle est un succès. On regrettera peut-être simplement la mauvaise programmation du concert qui aurait été plus profitable plus tôt dans la soirée qu’en dernière partie de journée où l’on aurait attendu un groupe ou un artiste beaucoup plus remuant.


Après une si bonne impression, la journée du samedi s’annonce grandiose !

Justine Denos

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