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Fort d’une expérience positive avec ce festival en 2004, c’est avec nostalgie que je me suis rendu aux Eurockéennes pour le Bourlingueur en ce 29 juin 2012.

Partis à 11h de la Belgique, ce n’est que vers 19h, après avoir bravé de nombreux embouteillages, que nous sommes enfin arrivés sur la Presqu’île du Malsaucy. Même si je me souvenais qu’à Belfort, les distances site-camping-parking étaient relativement longues, j’ai été surpris par la quantité de marche nécessaire pour atteindre ces différents lieux. Chargés comme des baudets, les 20 min de marche entre le parking et le camping, sous un soleil tapant jusqu’à 29° degrés, nous ont déjà énormément fatigués ; d’autant que pour se rendre sur le site, nous devions à nouveau marcher 15 minutes pour aller prendre la navette qui, en 5 min de bus, nous dépose à quelques pas des scènes. En arrivant sur place, nous pensions en avoir fini avec les efforts musculaires. Balivernes. Souhaitant récupérer mon accréditation presse, nous avons été mal aiguillés par un bénévole mal informé ; nous avons donc traversé, toujours à pieds, le festival par les chemins réservés au staff, nous sommes rendus au fin fond du site, à l’espace Presse qui accueille les artistes, et avons alors appris que nous devions plutôt nous rendre à l’accueil, à l’entrée du festival. Rebelote pour 15 min de marche et je peux ENFIN récupérer mon accréditation et rentrer dans le site pour… voir les cinq dernières minutes d’Amadou et Mariam accompagnés de Bertrant Cantat.

D’après les exclamations du public, ils avaient l’air d’avoir mis le feu. Une petite Desperados Mas bien fraiche, et nous nous dirigeons alors vers le concert des français de Dionysos. Après avoir apprécié leur prestation pendant une vingtaine de minutes, nous quittons la Grande scène et nous dirigeons vers La Plage pour le concert de Michael Kiwanuka. Imaginez une scène complètement entourée d’une eau calme, une légère brise sur le visage, le soleil couchant déversant ses dernières chaleurs ; une ambiance parfaite pour apprécier le folk-blues du britannique après toutes les péripéties de la journée. Profitant du rafraichissement de début de soirée, mon amie et moi nous rendons alors à la Green Room pour profiter de la musique de The Kooks, de prime abord une espèce de pop-rock pour midinettes, mais avec une énergie live résolument rock et une présence scénique importante ; appréciable.

Alors que j’attendais le concert des américains de The Mars Volta avec impatience, leur prestation à La Plage m’a laissée de marbre. Leur fougue et leur folie scénique pour lesquelles ils sont connus avaient à peu de choses près disparu. Les sauts du chanteur ont paru surfaits et sa voix s’est faite beaucoup moins extravagante qu’à l’époque de leur premier album majestueux ; déception. Heureusement pour moi, les dj’s français de C2C ont relevé le niveau juste après sur la Green Room, offrant une prestation musicale énergique – un mélange de Birdy Nam Nam et de Justice – accompagnée d’un effort visuel original. Epuisés par la journée, nous sommes alors rentrés au camping, profitant d’une navette avant que l’ensemble des badauds ne se décide à faire la même chose.

Sachant que le samedi et le dimanche étaient sold-out, ce camping était bien entendu archicomble. Une buvette, des toilettes, des douches, un terrain de foot, des tentes à tout va – même en plein milieu des chemins mis en place pour les piétons, mais aussi pour les ambulances – et surtout des festivaliers de super bonne humeur, hurlant « Apérooooo » à qui veut bien l’entendre et le crier à son tour; bonne ambiance. Bilan de la première journée : excellent !

Réveillés vers 10h par la chaleur matinale, nous avons pu apprécier les joies d’un petit-déj « offert » à l’entrée du festival. Pour la modique somme de 2,50 euros, les Eurockéennes proposaient un combo jus d’orange, café et croissant ; petits plaisirs beaucoup trop rares en festival. Hospitalité française ? On va dire ça.

Sachant que le week-end était déjà sold-out quand j’avais reçu mon accréd’ press, mon amie n’avait pu acheter de place. Nous comptions alors que les bonheurs du marché noir pour qu’elle puisse m’accompagner les jours suivants également. Après avoir visité un petit peu la vieille ville de Belfort et fait quelques achats utiles, nous avons eu la chance de bénéficier d’une place pour le samedi ; parfait.

L’affiche des Eurocks n’étant résolument pas métal cette année, j’avais trouvé étonnante la présence des américains de Mastodon. Malgré un set bien calé, le public ne paraissait pas être fait pour ce genre de musique. Le garage-rock de leur compatriote Thee Oh Sees, par contre, semblait bien plus correspondre aux attentes du public. Juste après ça, la scène de La Plage proposait le concept de « La plage de Pedro », 7h de musiques électroniques diverses quasiment sans interruption. Après avoir observé le début du set énergique des Dropkick Murphys, nous sommes allés apprécie l’électro du français Kavinski.

Des gnocchis au poulet curry nous ont fait patienter jusqu’au set tant attendu des cultissimes The Cure, présence pour laquelle ce samedi affichait sold-out il y a déjà quelques semaines. Malgré une première vague d’orage arrivée vers 21h30, l’ensemble du festival semblait s’être rassemblée devant la Grande Scène pour le set des anglais. Et malgré une deuxième vague d’orage en plein milieu de leur concert – à partir de ce moment, la pluie ne s’arrêtera quasiment plus avant le dimanche après-midi – le public profitait largement du pop rock de The Cure qui ont, pour le plaisir de leurs fans, joué la plupart de leurs tubes. L’orage était vraiment violent, le site s’est significativement vidé aussitôt ce concert terminé. Alors qu’il avait fait extrêmement chaud toute la journée et que les quidams étaient tous habillés légèrement, il pleuvait à très grosses gouttes et la couleur du ciel ne laissait rien présager de bon. Néanmoins, il y avait encore pas mal de monde pour apprécier la prestation de Justice, clôturant d’une magnifique façon cette soirée pluvieuse.

De retour au camping, nous espérions que la pluie s’arrêterait rapidement. Force a été de constater qu’à notre réveil, celle-ci était toujours aussi drue et que le thermomètre avait baissé de 10°. Un sol détrempé, de la boue partout, des festivaliers qui remballent, le site du camping des Eurockéennes faisait étrangement penser à un paysage post-chaotique. Après avoir attendu patiemment la fin de la drache pour aller quérir un petit-déj et une place pour le dimanche, nous avons été obligés de prendre conscience du fait que cette pluie ne s’arrêterait pas. Alors que Refused, Charlie Winston, Lana Del Rey, Jack White, Dope DOD ou encore Cypress Hill jouaient – normalement, des annulations de concerts étant prévues à cause du temps – ce soir-là, nous avons alors pris la difficile décision de ne pas se rendre aux Eurockéennes ce jour-là. Nos affaires étaient trempées, notre nourriture aussi, nous avions froids, il était impossible de marcher sans s’embourber jusqu’aux genoux et nous n’avions pas vraiment envie de braver la saleté pour aller voir des concerts qui auraient peut-être lieu. Ce dont ne nous ne doutions pas à ce moment-là, c’est du bordel que ça allait être de démonter une tente et de mettre ses affaires au sec sous la drache et dans la boue. La plupart des festivaliers ayant la même idée que nous, les organisateurs du festival empêchaient les voitures de se rapprocher du camping. Une marche de 15 min dans ces conditions et avec tout notre barda sur notre dos était donc obligatoire pour quitter le site du camping. 1h30 de marche pieds nus dans la boue plus tard – sachez que c’est là un bonheur simple et efficace ! –, vers le milieu de l’après-midi, nous étions, à regret, sur le chemin du retour et 7h30 plus tard, nous étions de retour sur le plat pays.

Yvan Padourek

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