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maryse dubucLe Bourlingueur du Net a bravé le froid et s’est rendu dans le grand nord à Québec à la rencontre des mystérieux auteurs des Nombrils, cette série à succès qui chaque année fait partie des tops ventes de la bande dessinée…

Bonjour Dubuc, pour nos lecteurs qui ne te connaitraient pas encore, pourrais tu nous dire qui tu es et que fais tu dans la vie ?

Je m’appelle Maryse Dubuc, je suis co-auteure de la série de bande dessinée Les Nombrils, chez Dupuis.

Scénariste de la série à succès Les Nombrils, c’est au Canada que la série prend son envol dans le fanzine Safarir, comment vous êtes vous fait repérer par les éditions Dupuis ?

Tout simplement en faisant parvenir à Benoît Fripiat un dossier de présentation de la série qui contenait les 9 premiers gags (qui forment actuellement les 8 premières pages du tome 1- Delaf et moi avons choisi de retirer une des pages pour l’album).

Le tome 6 des nombrils est sorti en octobre dernier. A une époque où les séries ont de plus en plus de mal à émerger, à quoi attribues tu le succès des Nombrils ?

Je crois que Les Nombrils est tout simplement une série de son temps, une série qui comble en quelque sorte un manque. Tout d’abord, lors de la sortie du tome 1 en 2006, il y avait très peu de séries sur le marché mettant en vedette des jeunes filles. Aussi, depuis le tout début nous prenons soin de rendre nos gags accessibles aux lecteurs dont c’est la première incursion en bande dessinée, tout en cherchant à offrir un contenu valable pour un lecteur plus aguerri. Enfin, nous ne nous fions pas uniquement à l’effet comique, nous cherchons à explorer toute la gamme des émotions (tristesse, compassion, peur…), à approfondir nos personnages et à explorer différents thèmes contemporains ou intemporels.

Fort de ce succès, tu as un peu mis de côté ta première activité de scénariste de livre jeunesse, plus envie de consacrer du temps à cela où bien les Nombrils prennent déjà l’entièreté de ton temps ?

L’écriture de romans me manque un peu : écrire un roman c’est un peu écouter sa voix intérieure, se laisser porter. La bande dessinée, surtout à gags, c’est beaucoup plus mathématique, il faut préparer ses effets et entrer dans un format extrêmement contraignant. Les Nombrils me demande tout mon temps, et je pourrais y mettre encore plus de temps si j’en avais ! Rien ne dit que je ne reviendrai pas au roman un jour mais pour l’instant je préfère faire une seule chose, mais m’y consacrer entièrement.

Des canadiens, dans la bande dessinée, il y en a peu mais une canadienne, ça c’est presque comme trouver une aiguille dans une botte de foin. Comment se porte la bande dessinée au Canada ? Comment êtes vous considérés par vos compatriotes ?

La bande dessinée se porte mieux que jamais au Québec (qui est une situation distincte du Canada anglais, que je ne connais pas très bien) : il y a maintenant un programme universitaire en bande dessinée, quelques éditeurs qui arrivent à tirer leur épingle du jeu, et de plus en plus d’auteurs dans des genres très variés. Les médias commencent un peu à s’intéresser à la bande dessinée, de sorte que le lectorat est en pleine progression.

Comment se passe ta collaboration avec Delaf, laisses lui tu de la liberté au niveau du découpage ou bien travailles tu sur base d’un scénario complètement fermé qu’il se contente de mettre en image ?

Delaf et moi collaborons de façon très étroite sur les scénarios. Dans un premier temps, nous faisons quelques brainstorms ensemble sur l’histoire de l’album à venir. Je rédige un synopsis détaillé que nous partageons avec notre éditeur. Marc et moi rediscutons beaucoup, et je rédige d’autres versions jusqu’à ce que nous soyons satisfaits. Nous passons ensuite à la scénarisation des gags eux-mêmes. Il faut alors reprendre le synopsis et le charcuter en 44 parties qui pourront être racontées de façon autonome (généralement une unité de temps, de lieu, de sujet). Chacune de ces parties est ensuite reprise individuellement afin d’être scénarisée en une planche aussi complète en elle-même que possible, avec une chute de fin de page. Là, c’est plutôt Marc qui s’y colle, il a le don pour trouver des idées de gags qui nous permettent de cacher les indices dont nous avons besoin pour raconter l’histoire et préparer la finale de l’album. De mon côté, je retravaille plutôt les dialogues. Aussi, à différents moments il faut revenir à notre synopsis et le modifier car les gags nous entrainent souvent là où nous n’avions pas du tout prévu aller ! Voilà, en gros, comment nous procédons pour scénariser nos albums.

Merci à toi pour cette interview au Bourlingueur du Net et au plaisir de te voir sur le vieux continent prochainement !

Au plaisir !
Maryse

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